Mexique

MEXIQUE


Population :
93 670 millions d'habitants.
Superficie :
1 967 183 km2.
Organisation :
Fédération des États-Unis Mexicains, 31 États + un district.
Capitale :
Ciudad de Mexico.
Langue :
Espagnol,19 langues indiennes et environ 60 dialectes.
Monnaie :
Peso mexicano
Régime :
Présidentiel.
Président :
Vicente Fox.

Lundi 14 juillet 2003 : ENSENADA - Basse Californie du Nord (Mexique)

8:00, je remonte la rue au pas de course, espérant arriver la première au Consulat du Mexique. À quelques mètres de l'entrée, je découvre une vingtaine de mexicains en train d'attendre sur le trottoir, devant la porte. Je me glisse dans la file et patiente... Un quart heure plus tard, un fonctionnaire ouvre la porte et distribue des documents à remplir. Apparemment, il s'agit d'un document pour se faire établir un visa pour rentrer aux USA (ce qui ne me concerne pas du tout). J'explique mon cas au fonctionnaire et finis par avoir gain de cause. Trois quarts heure plus tard, mon certificat d'immigration entre les mains, je rentre à l'hôtel, juste à temps pour déjeuner et avoir droit à mes deux pancakes avant de boucler mes bagages. J'ai au moins deux kilos de nourriture en rab, je vais faire ma bonne action du jour en offrant ces aliments au premier sans-abri que je croiserai. Une dernière halte dans un cybercafé, 20 minutes = 5 dollars US, merci beaucoup.

Voilà maintenant, je suis prête. Je monte dans le trolley bleu (de couleur rouge ???). En compagnie d'une américaine et d'une canadienne, toutes les deux très rigolotes, le voyage est très agréable. Trois-quart d'heure de trajet avant de rentrer, en gare terminus, nous sommes arrivés à la frontière, tout le monde descend ! Une fois sur le quai de la gare, c'est le véritable parcours du combattant. Sur mes épaules, mon sac à dos, sur mon ventre mon deuxième et je traîne derrière moi, mon troisième sac à roulettes qui ne va pas tarder à rendre l'âme. J'avance dans le couloir qui monte en épingle sur deux cents mètres, fais une première halte pour changer mes dollars US en dollars mexicains (pesos), passe sans m'en rendre compte un premier barrage, puis un second, rejoins le pont qui surplombe l'autoroute, redescends de l'autre coté de la route, en suivant le couloir et arrive enfin à Tijuana, la première ville du Mexique.


Départ pour Tijuana

Ola ! (salut !) Et me voilà encerclée par une horde de taxis. "Non ! je ne veux pas taxi, je veux prendre le bus". La ville est bruyante et très animée avec une multitude de boutiques à touristes. Je ne souhaite pas rester ici et préfère continuer jusqu'à Ensenada. Un Mexicain m'ayant entendu parler de bus, se propose de me guider jusqu'à la station. Mince ! Je n'ai pas assez d'argent pour prendre mon billet et ils ne prennent pas les cartes de crédit, je suis obligée de retourner dans le centre et trouver une banque pour changer quelques travellers. Je rentre dans une première banque : on ne prend pas les travellers chèques, une deuxième, on veut bien vous prendre les travellers, mais pour un maximum de cinquante dollars US, je rentre dans une troisième, "no problem !" (Ouf ! je me voyais en train de repasser la frontière et retourner à San Diego pour changer tous mes travellers). J'en profite pour faire un petit tour de la ville, histoire de visiter. Dans les boutiques à souvenirs, on voit les objets les plus kitsch à côté de la statue de la Vierge, des posters érotiques mélangés avec ceux, à l'effigie du Christ. Les vieilles voitures américaines des années soixantes sont toutes là, dans des états lamentables, elles n'en finissent pas de finir leur vie.

De retour à la station terminale, j'ai juste le temps de prendre mon billet et de m'installer avec mes sacs dans le bus. Le coffre est déjà plein, et à la limite, je préfère, cela me rassure de les avoir avec moi. Deux heures et demie de trajet, dans un bus relativement confortable avec un paysage de plus en plus désertique et aride qui défile. Les carcasses de voiture ont remplacé dans les prairies brûlées par le soleil, les troupeaux de chevaux de jadis. Derrière nous, une épaisse poussière rouge se soulève. Dans cette terre hostile, les cactus ont pris le dessus, agrippant sur leur passage les sacs en nylon jetés des voitures et des bus.

Arrivée à Ensenada, je demande au chauffeur de me déposer dans le centre. Mon plan de ville récupéré à l'office du tourisme dans une main, tirant mon sac de l'autre, je rejoins la route parallèle à la mer où sont rassemblés la majorité des hôtels. Après en avoir fait plusieurs, j'en trouve enfin un qui rentre dans mon budget (150 pesos = 15 dollars US) et qui me semble assez propre. Je m'installe, heureuse de pouvoir me doucher enfin. Une heure plus tard, je suis dans la rue à la recherche d'un resto car maintenant, je commence à avoir la "fringale". Un "Tampiquena steak avec enchilada, oignon et guacamole", arrosé d'une bonne bière du pays la Tecate, c'est parfait !


Ensenada,les maisons

Après dîner, plutôt que de rentrer directement à l'hôtel, je me balade dans les rues, longeant le port pour arriver devant une grande fête foraine. J'ai l'impression que toute la ville est rassemblée ici, car je n'ai croisé que très peu de personnes sur mon passage. Alors que j'hésite devant le prix d'entrée, 50 pesos, un homme s'approche de moi et m'adresse la parole. Je lui fais comprendre que je ne parle pas un mot d'espagnol. Il me montre un billet d'entrée pour deux personnes. Je devine qu'il me demande si je veux profiter de la deuxième entrée gratuite. Je ne prends pas le temps de me poser les grandes questions, j'accepte. Une fois passé le "péage", l'homme poursuit son chemin de son côté, et moi du mien.

Effectivement, la ville s'est donnée rendez-vous ici. C'est à la fois la grande fête foraine avec tous les manèges que l'on trouve chez nous, c'est aussi la kermesse paroissiale avec les petits stands de jeux très rustiques, et c'est également la Foire Exposition avec les stands de professionnels. Sombreros enfoncés sur les yeux, moustaches pimpantes et yeux perçants, les Mexicains semblent très friands de ce genre de divertissements car les manèges sont bondés. Étonnants tous ces tee-shirts à l'effigie du Christ et de la Vierge ! À diverses reprises, je suis accostée (très amicalement), lorsque, entre deux manèges, je fais la connaissance de Francisco. La discussion se poursuit avec l'aide de mon petit dictionnaire anglais-espagnol autour d'un café, puis dans un petit resto du coin avant qu'il ne me ramène devant mon hôtel. Devant l'entrée, un deuxième Francisco m'attend, je n'ai plus trop envie de discuter, je le remballe vivement et je me retrouve enfermée dehors. Le gardien de l'hôtel vient à mon secours. Pour une première journée au Mexique, c'est une journée bien remplie, ça promet !


Ensenada, Chapelle

Mardi 15 juillet 2003 : SAN QUINTIN - Basse Californie du Nord (Mexique)

10:00, la ville est encore déserte, je m'installe dans le bistro d'à-côté pour un petit-déjeuner mexicain avec tacos et pozole (grand bol de soupe avec maïs, viande, choux, oignons, salade). Une fois calée, je dois trouver le service des immigrations pour faire valider mon certificat. Après avoir tourné en rond un bon moment, j'arrive enfin devant le bureau. Mauvaise surprise ! Pour avoir mon document visé par leurs soins, je dois aller dans une banque et payer 200 pesos (20 dollars) et revenir ensuite avec le reçu. Je quitte très agacée les deux "mafiosi" qui tiennent l'estanco des douanes pour trouver une banque. Une heure plus tard, je suis de retour avec mon papier, ils me rendent mon passeport et mon certificat d'immigration visé. Avant de prendre le bus de 15:30 pour San Quentin, j'ai quatre heures devant moi pour visiter la ville. Ensenada est une ville, dont l'activité économique tourne autour du poisson, ce qui explique pourquoi ça ne sent pas très bon. Je rejoins le Zocalo (la place principale de la ville) pour repérer les différentes directions des sites à visiter : pas grand-chose.

Le musée. À deux minutes (à pied) du port, un vaste jardin arboré où dégouline des cascades de fleurs odorantes et multicolores avec dans son cœur une belle maison aux murs blanchis à la chaux. Je rentre par la porte principale pour arriver dans une première salle, puis une deuxième, puis une troisième... Je décide de rebrousser chemin car j'ai trop peu de temps à consacrer au musée et en profiter pleinement. Je contourne la maison pour arriver devant un petit jardin intérieur où sont cultivés des centaines de cactus de différentes familles. Collé au jardinet, s'élève le clocher d'une église. La porte est entrebaîllée, à l'intérieur, plusieurs personnes sont agenouillées en train de prier. Je fais demi-tour et rejoins le port avant de retourner à l'hôtel récupérer mes bagages.


4500 km de route poussiéreuse

Alors que je remonte la rue principale aux trottoirs défoncés jusqu'à la station de bus, une des roues de mon sac se casse. Heureusement, Zorro est arrivé. Comme par hasard, Francisco (n° 2) marche sur le même trottoir, juste derrière moi. Il se propose de porter mon sac et de m'accompagner. "Muchas gracias senor !" La traversée de la ville est longue et il fait très chaud, plus on s'éloigne du bord de mer, plus les trottoirs sont jonchés d'ordures. Je ne suis pas mécontente de ce hasard ??? Arrivé à la station, il y a beaucoup de monde : que des Mexicains, Francisco essaie de m'aider au mieux, puis me tient compagnie jusqu'à ce que le bus arrive enfin.

Une longue route poussiéreuse, délimitée par des barbelés, traverse un désert jalonné de carcasses de voitures. Trois heures et demie de voyage pour faire 170 km. Arrivé à San Quintin, le bus fait une halte de cinq minutes, juste le temps au chauffeur de me faire signe de descendre. Après avoir vérifié mon ticket, le chauffeur me balance mes sacs sur la route, je n'ai pas le temps de lui demander un renseignement sur l'hôtel le plus proche que le bus s'éloigne dans un gros nuage de poussière.


San Quintin

19:30, je suis sur le bord de la route en train de regarder le bus s'en aller : "Qu'est-ce que je "fous" ici ? Je rassemble mes affaires et remonte la nationale jusqu'à la première cantine ambulante. Une femme d'un certain âge prépare des tacos, je lui demande : "Buenas noches ! Por favor, donde està la mar ?" (Bonsoir ! s'il vous plait, où est la mer ?). D'un signe de la main, elle me montre l'horizon. "Me puede ir caminando ?" (Puis-je y aller à pied ?). De la tête, elle me fait signe que non. "Taxi !" "Por favor, Donde està un hotel ?" (S'il vous plait, où y-a-t-il un hôtel ?). Elle me désigne la direction opposée. "Me puede ir caminando ?" "Si" "Està lejos ?" (C'est loin ?) "No" "Gracias por su ayuda"(merci, pour votre aide). Merci dictionnaire.

Je poursuis en direction de l'hôtel. La nuit est noire. De temps en temps, les phares d'une voiture ou d'un camion éclaire ma route. Plus j'avance, plus il y a des maisons de chaque côté de la nationale. Enfin ! quelques signes de civilisation, je me sens plus rassurer. Après avoir passé deux carrefours, clignote dans la nuit, l'enseigne d'un motel. À la réception, je n'ai pas le temps de sortir mon dictionnaire pour m'expliquer que la patronne me dépose des clefs devant moi tout en me demandant en espagnol mon passeport. Je jète un coup d'œil rapide au tarif : ça va, c'est dans mes prix 140 pesos. Ma chambre de plein-pied donne directement sur la cour intérieure. Une fois installée, je retourne sur la nationale dîner dans ma première cantine ambulante.


San Quintin,Bus Public

Mercredi 16 juillet 2003 : SAN QUINTIN - Basse Californie du Nord (Mexique)

7:30, petit-déjeuner dans ma cantine d'hier au soir ; j'en profite pour me faire expliquer comment rejoindre la mer. Située à 18km, je dois prendre un bus, puis à pied, marcher une vingtaine de minutes. Je monte dans le premier bus qui passe. "Por favore, me podria decir donde me tengo que bajar para la mar ?" (S'il vous plait, pourriez-vous m'indiquer où je dois descendre pour aller au bord de la mer ?). Après quelques instants de réflexions (le temps qu'il devine ce que je veux lui dire), avec un large sourire, il me fait signe d'aller m'asseoir. J'espère qu'il m'a bien comprise, de toute façon cela fera toujours une promenade.

Le bus est à l'image des voitures, un tas de ferrailles ambulant et nous ne risquons pas de faire d'excès de vitesse : 30 km/heure doit être sa vitesse maximale. Pour être typique, il est typique : siège très confortable en fer, photos de chanteurs défraîchies au plafond, au-dessus du chauffeur, photo de la vierge et la croix qui pendouille accrochée au rétroviseur... Trois jeunes couples répartis à chaque extrémité du bus se bisouillent, à croire que c'est un bon plan pour se donner rendez-vous. Nous quittons la nationale pour une route tout juste carrossable. Le dernier couple descend du bus, il ne reste plus que moi au fond. J'espère qu'il ne m'a pas oublié. On s'enfonce bientôt dans une piste immonde et désertique, puis au bout de deux kilomètres, arrivé à proximité d'un croisement, le bus stoppe. Le chauffeur se retourne vers moi et me fait comprendre que je dois descendre, que c'est ici. A la tête que j'ai dû faire, il sourit et essaie de me rassurer en me montrant la piste qui s'enfonce dans les terres. Je lui demande comment et à quelle heure, je peux reprendre le bus. Je suppose qu'il m'a comprise et devine que c'est ici dans deux heures.

Le repérage des lieux n'est pas évident : sur la droite, en contrebas, une maison faite de bric et de broc qui a l'air habitée. Le long du chemin, s'amoncellent des détritus de toutes sortes et toujours, des carcasses de voitures. De temps en temps, une espèce de baraque faite avec des taules rouillées et des vestiges de portes, sert d'habitation à des familles entières. Des dizaines de gamins, entre deux et dix ans, jouent dans les gravas, certains cul-nus. Bientôt une ligne bleue se dessine à l'horizon, c'est enfin la mer. Voilà déjà bien vingt minutes que je marche sous ce soleil de plomb lorsque je réalise que j'ai oublié de prendre mon chapeau et de l'eau. Est-ce bien raisonnable ? Je ne suis pas encore arrivée, c'est encore loin et, en plus, je dois passer entre ces deux montagnes de squelettes de voitures. C'est sur cette base de réflexions que, je décide de rebrousser chemin et de retourner sur mes pas. Je ne verrai donc pas les superbes plages de San Quintin.


Cactus

Arrivé au croisement, je me hasarde vers la maison en contrebas pour vérifier s'il y a bien un arrêt de bus pour San Quintin. Un jeune garçon sort de la maison, il parle un peu anglais (cela m'arrange). Il me confirme qu'un bus va passer d'ici cinq minutes. Effectivement, à peine cinq minutes plus tard, un bus encore plus vétuste que le premier, tourne dans ma direction et s'arrête, je m'engouffre à l'intérieur et demande au chauffeur : San Quintin ? Le chauffeur me regarde sans me dire ni oui, ni non. Il descend et soulève le capot du moteur. Si ce n'est pas le bon bus, je serai toujours à l'ombre pour écouter de la salsa en attendant le suivant. Au bout d'une dizaine de minutes, le chauffeur referme le capot et je remonte dans le bus, sans me "calculer". Après quelques soubresauts, le bus redémarre. Nous allons dans la bonne direction, c'est déjà pas mal ! Ce bus-là est pire que l'autre, le siège du chauffeur est complètement effondré et, ce n'est plus 30 km/heure mais 10 km/heure, sa vitesse de croisière. Une heure plus tard, je reconnais San Quintin. Ouf ! c'était bien le bon bus. Alors que je me lève pour descendre, le chauffeur me regarde surpris. Je lui tends le même billet que mes voisins sur lequel, il me rend de la monnaie (j'en ai eu pour à peine15 pesos). Au-dessus de sa tête, il est affiché maximum 50 pesos pour les adultes, maximum 20 pesos pour les étudiants (tarif gringos !).

Après avoir récupéré mes bagages à l'hôtel, je m'engouffre dans un cybercafé avant de prendre à 17:30 le bus pour Loreto. Sur une vingtaine de maisons, il y a au moins trois cybercafés dans la même rue. 17:45, le bus arrive enfin, il est archi-plein. Le chauffeur ne souhaite pas que je m'installe à ma place réservée mais, devant, à côté d'une Mexicaine. Le coffre est plein, je dois garder mes bagages avec moi. Je suis obligée de les caler sous mes jambes et tant bien que mal au-dessus de ma tête. Nous avons 12 heures de route devant nous.

Nous faisons une première halte pour dîner dans une auberge en pleine campagne, j'en profite pour faire connaissance avec mes compagnons de route. Nous sommes huit étrangers et comme par hasard, nous sommes tous rassemblés à l'avant du bus, deux (jeunes) Américains, un couple de Canadiens avec leur fille puis deux autres (vieux) Américains. Le reste de la population est mexicain. Nous reprenons la route. Entre de multiples arrêts, je tente de sommeiller un peu.


Place de l'église Loreto

Jeudi 17 juillet 2003 : LORETO - Basse Californie du Nord (Mexique)

Vers une heure du matin, en plein désert, le bus s'arrête sur le bord de la route. Trois douaniers armés investissent le bus et se dirigent directement vers mes sept collègues étrangers et moi-même : contrôle des papiers. Je leur remets mon passeport ainsi que mon certificat d'immigration. Après les avoir examinés attentivement, ils me les rendent, tout est en ordre. Il n'en est pas de même pour les deux (jeunes) Américains qui ont oublié de faire faire leur certificat d'immigration. Ils ont été obligés de payer les 20 dollars plus une amende de ??? (je ne sais pas). Nous reprenons la route. Plier en quatre, j'essaie de me rendormir un peu. Il est bientôt quatre heures du matin, le bus s'arrête à nouveau en pleine campagne. Je suis à moitié "dans le cirage" lorsque je vois grimper dans le bus des militaires armés. Je ne sais pas ce qu'ils sont venus faire et ce qu'ils cherchaient, ils sont repartis, comme ils sont venus.

6:30, nous arrivons enfin à Loreto. Je quitte le bus en compagnie des deux (vieux) Américains. Tous deux de l'Oregon, l'un de 50 ans, une bonne brioche et assez mou, l'autre, plus âgé, mais beaucoup plus vif, ancien marin avec des bras tatoués comme Popeye. Ils m'invitent à me joindre à eux car ils ont un plan de ville pour chercher un hôtel. J'accepte volontiers, Popeye se propose de porter un de mes sacs. Après avoir repéré la bonne rue, nous la descendons en direction de la mer. Au bout d'un quart d'heure de marche sous une chaleur étouffante, nous arrivons devant un premier hôtel qui me semble tout à fait correct et, où nous laissons nos bagages, le temps de connaître les disponibilités. En attendant, nous nous dirigeons vers le centre historique pour un petit-déjeuner bien mérité sur la terrasse du Café Olé.


Plaque de rue, Loreto

De retour à l'hôtel, mes deux compagnons changent d'avis, ils décident de reprendre le bus et de continuer jusqu'à La Paz. En ce qui me concerne je reste ici, cette petite ville me plaît, c'est la plus sympathique que j'ai vu depuis mon arrivée au Mexique. Alors qu'ils poursuivent en direction de la station terminale, je m'installe dans ma chambre. Une douche rapide avant de retourner dans le centre du village. J'arpente les ruelles encore désertes. On se croirait en Provence avec ses routes pavées et ses maisons en pierres apparentes. Entourée par le désert, la montagne et la mer de Cortés, Loreto est la plus ancienne des villes de Basse Californie. C'est, paraît-il, l'un des rares endroits au monde où l'on peut observer le plus grand des mammifères marins, la baleine bleue.

Après une halte devant un restaurant de rue pour manger quelques tacos, je rejoins la plage restée encore sauvage. Elle est le paradis des oiseaux. De retour à l'hôtel, je constate que la clim. de la chambre est défectueuse, hormis le bruit qu'elle fait, il n'y a pas d'air froid qui sort. Je sens que la nuit va être difficile.


Loreto, la Baie

Vendredi 18 juillet 2003 : LA PAZ - Basse Californie du Nord (Mexique)

Effectivement, ce fut encore une nuit très difficile. En attendant de prendre le bus de 13:30 pour La Paz, je profite de la matinée pour me relaxer et marcher tranquillement le long de la plage de sable et de galets. Paradis de la pêche aux crabes et aux crevettes, des centaines d'oiseaux ont envahi les lieux pour passer l'hiver…Déjeuner sur la terrasse du Café Olé avant de rejoindre la station terminale. Le bus est bondé et la clim. ne fonctionne pas.

14:00, nous quittons Loreto pour nous enfoncer de plus en plus dans le désert. Depuis Tijuana, une seule et unique route traverse la péninsule, à perte de vue des collines recouvertes de cactus géants. À l'Ouest, le Pacifique et à l'Est, la mer de Cortés ; la température frise les 40 degrés à l'ombre. 5 heures de route avant d'arriver dans La Paz, le bus nous dépose à la sortie de la ville. Je n'ai pas trop le choix, je prends un taxi à qui je demande de me déposer à l'hôtel Yeneka.


Goeland, Loreto

Dans le guide, il dise que l'accueil est sympathique et qu'il est bon marché. Effectivement, ils ont tout à fait raison et en plus… chaque chambre est unique et peut être classé dans les œuvres d'art, un artiste y a laissé son empreinte ; et le patio, un vrai musée, c'est un enchevêtrement d'objets les plus insolites qui se marient entre eux pour le plaisir des yeux. Situé en plein centre et à 200 m de la plage, le temps de me doucher je rejoins la jetée où je retrouve, assis sur un banc, Popeye et son acolyte. Nous sommes à la veille du week-end, beaucoup de monde dans les rues et sur la plage. Je croise peu de touristes, surtout des familles mexicaines qui viennent s'offrir une grosse glace en attendant d'admirer le coucher du soleil.


Hôtel de ville La Paz

Samedi 19 juillet 2003 : LA PAZ - Basse Californie du Nord (Mexique)

Il y a longtemps que je n'ai pas aussi bien dormi, ma chambre donne sur le patio calme et très frais. J'ai envie de me poser ses deux jours et de profiter tout simplement de cette charmante petite ville (non, elle n'est pas vraiment petite, car il y a quand même 140 000 habitants). Je flâne dans les rues commerçantes à la recherche d'une autre bonne adresse, le restaurant Kika. Après avoir traversé presque toute la ville, je le découvre enfin. C'est un tout petit estanco, tenu par un monsieur d'un certain âge très charmant. Arrivée un peu tard, je n'ai pas pu réellement tester la cuisine, quoique le patron m'ait préparé un délicieux sandwich. De retour sur le quai, je rejoins la plage de Coromuel, qui n'a rien à envier des plages de Nice ou de Cannes avec ses hauts palmiers perchés. Un guide entre les mains, j'organise la suite de mon voyage tout en me prélassant au soleil.


Coucher de soleil La Paz

Dimanche 20 juillet 2003 : CABO SAN LUCAS - Basse Californie du Sud (Mexique)

Ce matin, j'ai quitté La Praz vers 9:00 pour poursuivre la traversée de cette longue route droite qui s'enfonce à perte de vue dans le désert de la Basse Californie. Depuis San Francisco, j'ai avalé plus de 4000 km de route de plus en plus poussiéreuse espérant trouver une nature sauvage, avec des plages de sable désertes et des centaines d'otaries…

14:00, je suis enfin arrivée au bout de la Californie, mais quelle déception... Lorsque je descends du bus, en levant les yeux, je vois se dessiner à l'horizon, de hauts immeubles en béton, hôtels de luxes pour Gringos. J'ai eu un instant d'hésitation avec une très grande envie de repartir, puis… j'ai fait trois bons kilomètres à pied, en plein "cagnard", pour rejoindre le centre ville. C'est l'heure de la sieste ; pas un chat dans les rues, et encore moins un Mexicain. Au-fur-et-à-mesure que j'avance, je cherche un hôtel bon marché pour routard. À l'image des buildings, les tarifs ont grimpé également. Après avoir fait plusieurs établissements sans succès, alors que je suis en train d'envisager la possibilité de dormir sur la plage, je croise un jeune Américain de San Diego en quête également, d'une chambre à petit budget pour la nuit.

Très difficile de trouver un hôtel à 150 pesos ici ! Je lui explique que je vais sans doute aller dormir sur la plage. Mike me montre son dernier billet de 100 pesos : "Et si on prend une chambre à deux ???" Mike est arrivé de San Diego en stop, il y a trois semaines environ et il compte repartir comme il est venu. "Écoute Mike, je rejoins la plage et je réfléchis." Je laisse mon sac à dos à la consigne du dernier hôtel miteux où j'ai trouvé une chambre (sans doute la moins chère de la ville) à 250 pesos et descends vers le port.


Cabo San Lucas - phare

Écrasée de soleil, la ville est étonnante avec son quartier gringo où les immeubles aussi farfelus les uns que les autres sont sortis de terre comme des champignons après la pluie, et la vieille ville mexicaine, sympa et bien moins chère. Du sommet de la colline, je surplombe la mer d'un bleu turquoise, où sillonnent gros bateaux, taxis vedettes, ski nautique, jets ski : ça fait très "gringoland" ! La plage de sable blanc est noire de monde avec d'un côté les yankees, de l'autre les Mexicains, et à l'arrière-plan, se détache les rochers de Cabo San Lucas, c'est là-bas, où je veux aller.

De retour à l'hôtel : "Ok, on prend la chambre à deux." Vous vous dites : Ha enfin, du sexe ! et ben non, si c'était le cas, je ne vous dirai rien du tout, je sauterai l'épisode. Donc nous prenons la chambre à deux. Le tavernier a accepté de nous la laisser à 200 pesos. Nous avions le choix entre deux alors nous avons pris la plus belle. Nous l'avons préféré parce qu'il y a deux lits jumeaux (quand même), les fenêtres ne sont pas fermées avec des moellons (c'est mieux pour la vue) et qu'il y a un ventilateur (qui ne marche pas d'ailleurs). J'ai beaucoup de mal à trouver le sommeil, il fait très très chaud et mon voisin est sorti pour vendre ses pipes en verre. Je ne suis pas très confiante sur ce type de commerce...


La Pointe Cabo San Luca

Lundi 21 juillet 2003 : CABO SAN LUCAS - Basse Californie du Sud (Mexique)

7:30, Mike dort profondément, il a fait la fête une partie de la nuit et, il doit être encore sur son petit nuage. Je rejoins les quais avec l'intention d'aller jusqu'à la pointe du Cap à pied, en longeant le port, puis la plage et en escaladant les rochers. Une halte dans un supermarché pour acheter une bouteille d'eau, boire un café et manger une brioche avant de poursuivre jusqu'à l'extrémité du port et commencer à grimper le long du sentier qui surplombe la plage. Au bout de 400 m environ, je me retrouve en face d'une barrière gardée par un homme armé à qui je demande mon chemin, il me répond : "No camino (je traduis) vous voyez, tout est fermé", et ils me montrent les barrières en fil de fer barbelé (je traduis) "vous êtes obligés de prendre un bateau pour y aller". Je râle (pas trop, mais un peu) avant de retourner sur mes pas, déçue. Je n'ai même pas le choix, si je veux aller là-bas je dois prendre un de ses bateau-taxis.

Le soleil pointe juste le bout de son nez, on entend le cliquetis des barques amarrées, des pêcheurs rentrent enfin alors que d'autres se préparent à prendre le relais. À peine ai-je fait quelques pas sur le quai que je suis repérée par le rabatteur d'une entreprise de bateau-taxi. "Cuanto questa de ida y vuelta para el cabo ?" "300 pesos" Avec mon index, je lui fais comprendre que c'est n'impoorrrte quoi, et je poursuis ma route. Il me rattrape : (je traduis) "Pour vous, comme vous êtes ma première cliente, ce sera 200 pesos ????" "No, costa caro" et je continue d'avancer. Il me rattrape à nouveau : (je traduis) "C'est mon dernier prix, je ne peux pas faire mieux 150 pesos". Là, je m'arrête, j'ai vraiment envie d'aller là-bas, ce serait trop bête de faire tout ce chemin pour simplement voir du béton : "Ok". Il hèle un premier taxi qui trouve que ce n'est pas assez bien payé puis un deuxième qui accepte volontiers de faire la course. Au moment de monter dans l'embarcation et de régler le transport, je sors un billet de 100 pesos, puis un de 20 et un de 10, et je leur explique que c'est quand même trop cher pour moi, que je vais me retrouver sans argent. Ils se regardent : "Bon c'est OK pour 120 pesos". Comme quoi, il ne faut pas hésiter à discuter ferme les prix.


Cabo San Lucas La Plage

Une demi-heure plus tard, le taxi vedette me dépose en face d'une plage de sable déserte ; aucune trace de pas, je suis la première (ce matin) à joncher le sol de ce paradis, à quelques mètres de moi, des otaries se prélassent sur les rochers. Ici, c'est le point de rencontre de l'océan Pacifique avec la mer de Cortés. C'est extraordinaire, c'est d'une indescriptible beauté. Je nage, je plonge dans les plus beaux fonds marins du monde, je m'enfonce dans l'eau turquoise et transparente, autour de moi des poissons multicolores batifolent. Je suis au paradis…

Malheureusement, une heure plus tard, un taxi dépose une famille entière, suivi par d'autres taxis, par des hordes de taxis… fini le paradis. 12:30, je rentre au port avec qu'une seule envie revenir... De retour à l'hôtel, je fais le point de mes finances, elles fondent à vue d'œil, il ne me reste que 60 dollars US en travellers ensuite la carte bancaire prendra le relais. Je ne peux pas et je ne veux pas rester dans cet hôtel en compagnie de Mike qui me semble bien gentil mais surtout bien louche. Je rentre à La Paz. 19:00, après discussion, le bus me dépose dans le centre, à 400 m de l'hôtel Yeneka.


Les pellicans

Mardi 22 juillet 2003 : LA PAZ - Basse Californie du Sud (Mexique)

Journée relaxe. Balade dans la ville, promenade le long de la plage, baignade, écrire mes textes car je suis un peu à la "bourre", faire le point de mes mails, réflexion sur la suite de mon voyage, RAS.


Hôtel Yeneka

Mercredi 23 juillet 2003 : LA PAZ - Basse Californie du Sud (Mexique)

Je commence à prendre mes marques dans le quartier, je déjeune à droite, puis à gauche, j'essaie de faire marcher un peu tous les petits commerces. Il me semble que je suis moins considérée comme la touriste, je n'ai plus besoin de marchander pour obtenir ce que je veux, ça va, je me sens bien. Pour poursuivre mon périple, il faut que je m'allège encore, ma pharmacie est particulièrement lourde, je pars à la recherche de l'armée du salut à qui je remets un sac de médicaments très complets. Ils me demandent d'ailleurs, si je suis médecin.

Au passage, je fais une halte pour réserver une place dans un des prochains ferries qui m'emmènera à Mazatlan, dans le Nord-Ouest du Mexique. Il ne reste que quelques places dans le bateau de vendredi prochain à 15 heures, je réserve. Coût du voyage 600 pesos. Ils ont un problème avec leur terminale carte bleue. Ils me rendent ma carte en me demandant d'aller retirer des espèces dans un distributeur. Je me retrouve dans la rue avec ma carte en train de faire encore mes comptes dans ma tête. Je passe devant une agence Aéromexico. Je rentre. "Buenos dias ! por favore, cuento cuesta para ir a Mexico ?" La jeune femme me fait signe de m'asseoir avant de faire une recherche "2340 pesos"…


Le retour

Jeudi 24 et Vendredi 25 juillet 2003

Et c'est comme ça qu'au lieu de me retrouver vendredi 25 juillet dans le ferry pour Mazatlan, j'ai pris l'avion via Mexico, puis Mexico - Londres et Londres - Lyon, 18 heures de vol pour retrouver mes enfants, ma famille, mes amis et mon chien. Triste et heureuse à la fois, je rentre au pays avec dans les yeux, dans la tête et dans le cœur des milliers de souvenirs et d'émotions...